Biographie
Dominique Spiessert (1952-2024)
Artiste tourangeau (Angers, 1952 – Tours, 2024), Dominique Spiessert a grandi dans le milieu du cirque : son grand-père, Charles Spiessert, avait créé le cirque Pinder. Très vite, Spiessert embrasse plutôt le monde de l’art pictural. Il adopte une palette colorée, bigarrée, et navigue entre figuration libre et figuration narrative.
Proche des peintres de la génération des graffeurs, il qualifie son travail de « peinture dessin ». Spiessert a beaucoup exercé en France, mais il a également exposé au Japon (Tokyo, Kyoto). Tours reste son terrain de jeu favori : de son atelier, rue Jules Carpentier aux vitres de la gare, Dominique Spiessert recouvre le papier et la ville d’un foisonnement de personnages, d’émotions et de créatures qui prennent vie sous les pirouettes de son pinceau.
Dominique Spiessert est un artiste prolifique, protéiforme, sa ligne glisse, divague, se place et navigue vers le centre, la boucle, le point, l’étoile. Comme l’Ourobouros se mord la queue et roule sur lui-même, comme le Sphinx se régénère de ses centres, un de ses tableaux, un de ses dessins en amène un autre puis un autre, à l’infini. Car le cercle, la boule, la sphère sont ses symboles, ses lieux où il peut s’épanouir, voir venir, renaître toujours. Sur tous les supports, même les moins classiques de l’artiste d’atelier, sur les assiettes jetables, les sets de table, la patte est posée, l’alchimie entre le matériel et l’abstrait se fond, fusionne et fait apparaître l’entredeux d’un monde en mouvement, l’imaginaire. Pour qui suit le travail de cet artiste, certaines étrangetés devenues familières reviennent comme des clins d’œils, des messagers constants manquent rarement un voyage, des serpents éveillent des corps allongés, un oiseau une feuille au bec côtoie le poisson au sourire lippu, des ailes poussent sur des animaux étranges et bariolés au milieu d’yeux parcourant un ciel de kraft comme autant d’étoiles. Le plaisir du créateur puise dans l’éternel retour à l’image revivifiée. Tout est à réinventer, sans cesse. Dans ces feuilles qui abondent il y a un rideau organique à lever, derrière le réel un monde fourmille, voilà ce qui apparaît, ce qui existe. Même en dehors de son atelier, son imaginaire danse encore. La transformation n’a pas de lieu préconçu ou établi, elle est de tous les moments, maniée, magnifiées par la main et la pensée d’un homme dont on peut dire de lui sans qu’il controverse: « bon qu’à ça », « plus fort que lui », « encore sinon rien ». Dans la rue, sur les pavés, les vitres, et dans les arbres, les empreintes du temps s’ouvrent à la métamorphose. Du bitume au baroque il n’y a qu’un pas. Le méga et le mini, l’immense et l’infime se conjuguent en jeux d’images, variations en figure libre, traits automatiques en roue surréaliste, dans un dérèglement des choses connues soudain rendues nouvelles.
Laëticia Testards
EXPOSITIONS PASSÉES :
10 – 28 décembre 2019